J'ai toujours eu des idées bizarres. Pas folles, mais bizarres. Quand j'étais petite je voulais être or pailleuse, mais je déteste voyager, cherchez où est le problème.
Après j'ai voulu être caissière. C'est vrai c'est sympa, assise tout le temps ça fatigue pas trop, y'a de la musique dans le magasin, c'est chouette. Mais on m'a dit que ça c'était pas un vrai métier.
Après j'ai voulu être une artiste, tenter les paillettes, quelle conne d'idée.

Alors hier soir, ma soeur avait invité des voisins de sa résidence chez moi, enfin, chez nos parents, pour profiter du jardin et du barbecue, et l'un d'eux me demande pourquoi je révise.
Bah, ducon, pour avoir mon bac, c'est logique.
Oui ça il le savait bien, mais il demande si le bac c'est vraiment utile, si ce serait pas un vrai bourrage de crane et qu'est ce que je veux faire plus tard.
Et la, trou noir.
Bon, d'accord j'ai pas eu une soirée facile. Toi non plus à cause de moi, et j'en suis désolée...
"je ne suis pas ton amie depuis un an pour te faire du mal, et dans cette histoire je m'en suis fait aussi, parce que, quoi qu'on en dise, rien n'est jamais simple pour ce qui est du relationnel... "
Mais j'ai même pas pu lui dire pourquoi je révisais. Je sais même pas ce que je vais faire de ma vie. Me projeter dans le futur pour le rêver ouai, d'accord, mais du concret, j'ai du mal.
Je suis une phobique de l'engagement, pour reprendre les termes de Bridget Jones.
Je met toujours une décennie à prendre des vraies décisions, mais au bout du compte elles sont rarement fausses, ces décisions.
Une fille raisonnable, comme tu dis.
Excuse moi, ma mère m'a appris à pas prendre de décisions sans réfléchir.
"Tu ne seras jamais ni trop vieux ni trop cool pour faire ce que ta mère te dit de faire."

Au final je préfère rester encore un peu dans mes belles illusions, comme dit David.
Peut-être que quand j'arriverais à la fac je regretterais. Peut-être que je serais forcée de tout lâcher pour vivre dans le monde réel un peu plus. Mais pas pour l'instant.
Pour l'instant je passe mon bac, je matte mes séries, je dors avec mon nounours, et j'essaye de vivre avec mon passé, certes moins difficile que le tien, mais qui fait mal quand même.
J'ai un an d'avance scolairement. J'ai toujours du m'adapter aux plus grands pour m'intégrer, maintenant j'en ai marre. J'ai envie d'autonomie, d'indépendance, pour faire ce que je veux, parce que j'ai pas pu jusqu'à maintenant, j'ai râté les barbies, j'ai râté un nombre incalculable de soirées cette année où n'était admise que les personnes majeures, mes parents viennent encore me chercher le soir à une heure fixe (et ils sont toujours ponctuels ces cons), je déteste recevoir des amis chez moi quand ils sont là, mon père est à la retraite depuis un an, ma mère en juin.
Tout ce que je veux, c'est qu'ils arrêtent de me gérer.
La fac c'est mon début d'indépendance. J'ai tout misé là bas.
J'en rêve depuis pas mal de temps maintenant, depuis le collège je me vois quitter la maison familiale pour m'installer dès que j'ai 18 ans, seulement j'avais espéré pouvoir faire ça en entrant à la fac, et encore une fois je vais râter ça : je suis pas majeure, et ma fac n'est pas loin de chez moi, conclusion : Papa dit que je peux bien faire comme mes frangines et prendre une heure de bus tous les matins.
Je fonde encore quelques espoirs sur la chambre étudiante que peux me louer son frère (mon oncle)

Comment j'en suis arrivée là?
En m'excusant. Y'a des tas de facteurs qui font que non.

Si j'ai été un peu secouée par notre discussion hier soir, j'ai souris à table grace à ma nièce.
J'ai pris deux jours de break dans mes révisions, je m'y remet cet aprèm, au soleil dans mon jardin, puisque j'suis palotte, on va y remédier.
J'aime pas poster le matin, je suis moins intéressante, parce que je raconte le passé de la veille...
Bof, tant pis, j'ai dit ce que j'avais à dire...

J'ai peut-être encore parlé dans le vide. Tant pis.
T'es habitué maintenant.