A l'heure où tout commence, à l'heure où tout finit.
J'ai une écharde plantée dans la main droite, une écharDe, et non une écharPe, comme je le croyais quand j'étais petite.
When I was a Child, I was a Jedi...
Et Flo me demande tout le temps "quoi de neuf?", je n'ai jamais rien à lui a répondre, et j'aime pas cette question.

Les envies qui se bousculent, pour changer l'habitude; lire Emily Dickinson que je ne connais pas, ou encore L'éducation Sentimentale, Flaubert, si je ne m'abuse, mais je m'abuse peut-être.
Envie de me replonger dans mes vieux films. Envie d'éternuer, parce que merde, j'suis encore enrhumée. Et demain c'est la philo : deux heures géniallissimes à renifler, avec ma gorge sèche, et mon ami Niezsche, ou Freud, ou Hegel, ou ...

D'ailleurs, on a jamais eu de textes de Sartre à étudier en contrôle. Normal me direz vous, c'est un homme de lettre, non un philosophe. C'est bête, je l'aime bien moi, Sartre.
Envie de faire un bond dans le temps, jusqu'au 4 juillet, pour avoir les résultats, pleurer sur mon sort ou hurler que alléluia, ça y est, c'est définitivement terminé, les textes d'espagnol, Mme Littératire, Kafka et la guerre froide. Plus jamais on ne me forcera à faire du sport.
Envie de parvenir enfin à graver un cd avec que du MP3 pour vider mon ordi et pouvoir le formater, parce qu'il est fatigué le pauvre.
Envie de rester en contact avec ma prof d'espagol qui m'a téléphoné ce matin pour savoir comment s'était passé l'oral, parce que quand même, elle était vachement sympa.

Envie d'envoyer chier ma mère qui vire acide, cinglante comme je déteste. Acariâtre. Limite méchante.
Parce que Papa est parti tout seul ce matin, je lui ai dit hier soir que c'était injuste qu'il me laisse seule avec Maman et son sale caractère. Il est d'accord, elle est bien trop susceptible.
Et Maman ce midi : Oh ton père est parti avec MON termos, il est chié hein, à chaque fois il me le prend, y'en a d'autre, celui la je l'avais acheté pour moi!
Bah oui, bah je te merde Maman, y'en a d'autre, justement, tu va pas me faire chier.
Quand elle essaye de m'enlever mon écharde, elle m'enfonce l'aiguille dans la plaie, je crie, elle m'envoie chier. Quand je vous dit qu'elle est méchante. Et vieille. Impatiente. Bornée. Susceptible. Curieuse. Egoïste.

Je suis arrivé au bout du rouleau Maman.
Avant c'était le bout du rouleau Papa, mais en fait, il est vachemet moins chiant.
Une semaine seule avec ma mère. Youhou ça va être génial. Heureusement que y'a le bac.
Envie de massacre et d'isolement.

Envie des petits gateaux en forme de noeud au chocolat qu'on mangeait avec mes soeurs avant.
Envie d'avant. Ou d'après. Mais pas de pendant.
Envie de grand soleil. Avec une mer. Et du sable. Et un bon bouquin, genre la suite de Et si c'était vrai.
Envie... d'une bonne vieille série. Genre Beverly Hills, histoire de retrouver les héros et de fantasmer sur David ou Brandon ou Dylan. Un petit goût du avant qui me manque.

Envie du son du piano. Des jolies mélodies.
Envie... qu'on me prenne pas la tête avec le bac. Y'a déja bien assez de pression comme ça, même si j'ai pas l'impression de la ressentir, je voudrais qu'on arrête d'en parler, que ça devienne moins dramatique, parce que j'ai l'impression qu'on en fait une affaire d'état, alors que finalement, des millions de jeunes le passe chaque année, et tout le monde ou presque en ressort vivant.
J'en viens à éviter les discussions avec mes amis qui se stressent pour rien, finalement, mais qui ne foutent rien pour autant.
Peut-être que j'ai trop confiance en moi...

Envie... bah oui, bien sûr que je suis comme tout le monde, envie d'amour aussi, mais ça fait nul d'en parler comme ça...

Envie de petits riens, comme de pouvoir me balader tranquille au centre ville sans bondir en passant devant chez David.
Envie, juste, de me mettre en maillot de bain dans mon jardin, même si je suis mal épilée. Et de prendre une douche avec le truc d'arrosage pour les fleurs, comme on faisait avec ma soeur avant.
Envie de vivre un bel été plein de soleil, à être obligée de fermer les volets de la salle pour garder la fraicheur, et à boire des litres de jus d'orange par jour.

Envie que les parents se cassent, pour être tranquille, même si je sais qu'il y a des jours, ou des soirs où je vais m'ennuyer. Pour les soirs, ça changera pas grand chose, chez moi les vieux se couchent à 21h pour regarder la télé dans leur lit, chacun son programme, les parents dans leur chambre, moi dans la mienne. Quelle formidable vie de famille.
Et j'en viens à penser de plus en plus que je partirais de chez moi bien tôt. Et que je ferais tout pour que ça se passe, quitte à travailler pendant toutes les vacances jusqu'à mes 18 ans, et en semaine pendant les cours.
Parce que j'en peux plus, ils sont vieux. On fait rien, on se fait chier.
C'est pas une hyperbole, le ils sont vieux : ma mère a 59, mon père 58 en aout.
En parlant de chiffres, ma mère s'inquiète pour les 53 kilos de mon père. Avouez que ça craint, mais quand on a été malade, quand on a jamais faim, quand sa femme est une chieuse, quand sa fille nous dérange, forcément...

Je suis convaincue que tout commence. A partir de demain, tout va s'enchainer. Peut-être à un rythme différent pour chacun, puisque tout le monde ne travaille pas forcément toutes les vacances, mais le temps va s'accélerer à la rentrée.

Sigh. Je vais bien, mais j'en ai marre. Faut que ça change, ça fait trop longtemps que les jours se ressemblent.